Renaud Gagneux

Renaud Gagneux s’est éteint le 24 janvier 2018.

C’est au conservatoire, au cours de nos études, que j’ai connu Renaud.

Il était brillant, cultivé, provocateur, novateur.

Compositeur.

De tous les combats : il défendait des idées contestataires.

Nous nous sommes retrouvés plus particulièrement en l’an 2000 : je le sollicitais pour l’écriture d’une pièce pour clavecin.

Sa réponse fut nette :

- Non merci, pas cet instrument !!

Cependant, après lui avoir joué Frescobaldi et Froberger, il me regarda fixement, gravement, immobile sur sa chaise :

- Des haïku, ça te dit ?

- Et comment !

Il proposait un territoire qui m’était familier et me fascinait : le Japon ! J’ignorais notre passion commune.

Et l’aventure commença : huit haïku en illustration musicale de textes du poète japonais Buson Yosa ( 1716-1783), précis, poétiques, à la registration complexe et raffinée « …obéissant aux mêmes règles que je me suis fixées pour l’ensemble de mes haïku : durée très précise d’une minute chacun, utilisation de trois brefs éléments musicaux ou sonores correspondant aux trois vers du poème, (…), éléments totalement subjectifs, mais cependant suggestifs, ou réalistes ».

Plus tard, en 2007, quatre haïku écrits sur des textes du poète japonais Bashō (1644 -1694) dépouillés, fascinants de pureté, de profondeur, chaque note disant l’essentiel, s’ajoutèrent au premier cycle.

Et d’évidence, une évolution vers une écriture dont l’esthétisme austère aspire à la beauté.

- Renaud, ces quatre haïku me semblent d’une inspiration…nouvelle ?

- C’est certain ! entre temps je suis allé plusieurs fois au Japon…

Il se nourrissait continuellement de la culture de ce pays qu’il aimait tant.

Merci Renaud de nous avoir offert ces pièces qui font sonner avec une compréhension si profonde « cet extraordinaire instrument », le clavecin.

Laure Morabito,
Ivry-sur-Seine, le 27 janvier 2018

Renaud Gagneux nous avait l’amitié de participer aux Journées de Clavecin en France en 2012 au Conservatoire de Saint-Maur pour une table ronde réunissant des compositeurs.

Les Quatre Haiku de Bashō ont été interprétés plusieurs fois lors des Journées par des jeunes étudiants.