Dominique Laperle

Le facteur de clavecins Dominique Laperle nous a quittés le 19 novembre dernier à l’âge de 56 ans.

Il a grandi près de Montargis où je l’ai connu dès son plus jeune âge, car nos parents étaient amis. Sixième enfant d’une famille qui en compta neuf, Dominique apprit dans ce contexte de solidarité à maîtriser, dès sa prime jeunesse, les conséquences d’une poliomyélite.

Très tôt passionné par les activités manuelles et particulièrement par le travail du bois, il avait tout juste 17 ans lorsqu’il vint dans mon atelier où, durant près de trois ans, il consacra ses congés scolaires à l’initiation à la facture de clavecins, et construisit son premier instrument, parallèlement à l’apprentissage de l’ébénisterie.
Après avoir poursuivi sa formation auprès des facteurs André Extermann, Hubert Bédard (†1989), et Mark Stevenson (†2000), il choisit la Haute Savoie pour ouvrir son propre atelier à Marcellaz Albanais en 1979. En 1996 il imagina un nouvel atelier qui lui soit parfaitement adapté, qu’il fit construire à Albens, à proximité du lac du Bourget.

Peu après cette réinstallation, il fut frappé par une leucémie qu’il parvint à surmonter grâce à une greffe et à son indéfectible courage. Il poursuivit son activité jusqu’en septembre 2011.

Tous ceux qui l’ont connu savent combien Dominique était un homme attachant, ce métier fut pour lui une source d’épanouissement considérable, au point qu’on oubliait totalement son handicap toujours présent, et même, par la suite, son combat contre la maladie. Il en parlait sereinement, souvent avec humour, toujours sans amertume, même dans les phases les plus difficiles.

Il fut un facteur de très grande qualité, maître de son art, soucieux de ne jamais décevoir. Durant ses 30 années d’activité, grâce à sa capacité de travail, son sens aigu de l’organisation et son talent, près de 135 instruments ont vu le jour dans son atelier. Certains ont fréquemment été entendus au cours des festivals d’Ambronay, de Labeaume ou de la Tarentaise notamment. La voix de Dominique s’est tue bien trop tôt, mais ses instruments demeurent, au service de la musique et des musiciens.

A. Anselm